Sol et Gobelet, comme si on y était!

Jongleur de mots, Marc Favreau a donné du bonheur et de l’esprit à des millions de petits et de grands avec son personnage de Sol pendant près de 50 ans. Le Musée des communications et d’histoire de Sutton lui rend hommage avec Sol, Suttonesstradinaire !, une exposition où l’on retrouve l’univers de l’émission Sol et Gobelet.
« Si tous les poètes voulaient se donner la main, ils toucheraient enfin des doigts d’auteur ! »
Avec son personnage de clochard philosophe et ses mots d’esprit empreints de poésie et d’une grande lucidité sociale, Marc Favreau a marqué la scène artistique du Québec. Sa mort, il y aura 10 ans en décembre, a laissé un grand vide. Sol, Suttonesstradinaire ! est la première exposition qui lui est consacrée.
Montée avec les archives de Radio-Canada, elle s’attache à nous remémorer la célèbre émission Sol et Gobelet, diffusée en 62 épisodes entre 1968 et 1971. Marc Favreau (Sol) y faisait équipe avec Luc Durand (Gobelet). 
« Sol et Gobelet sont de drôles de pistolets. Ils marchent sur la tête, même quand c’est pas leur fête. Sol n’est pas une cloche. C’est une sacrée galoche. » Voilà une chanson-thème qui rappellera bien des souvenirs aux baby-boomers, notamment aux plus jeunes d’entre eux. 
L’expo est organisée à Sutton, car les deux artistes ont résidé dans ce coin de l’Estrie et leurs familles y sont encore très attachées. Le fils de Luc Durand, le comédien Antoine Durand, habite toujours la maison construite par son père à Abercorn, près de Sutton.
LE DÉCOR DE SOL ET GOBELET
Le commissaire de l’exposition et président du Musée de Sutton, Richard Leclerc, a reconstitué le décor et l’ambiance du tournage de Sol et Gobelet dans les locaux de Radio-Canada, alors situés sur le boulevard Dorchester Ouest : le lit et sa courtepointe, le réfrigérateur, la table, les chaises, les accessoires et les costumes maintenant conservés au Musée de la civilisation, à Québec, avec les milliers de vêtements ayant servi aux tournages de séries radio-canadiennes. 
On retrouve avec plaisir le costume de scène de Sol. Son manteau rapiécé, son veston, sa cravate pas de col, sa fausse flûte, ses pantalons trop grands, son feutre troué et ses galoches aux lacets défaits et très aérées sur les bouts ! Sol a incarné son personnage de libre penseur en guenilles de 1958 à 2005. 
« À cette époque, les parents écoutaient Sol et Gobelet avec leurs enfants, c’est ça qui a fait la popularité de Sol. Sol et Gobelet, c’était intellectuellement très élevé. »
— Richard Leclerc, commissaire de l’exposition et président du Musée de Sutton
« Les jeunes aimaient la mise en situation et l’image, mais ne comprenaient pas tous les mots. Du coup, quand Sol et Gobelet a cessé, Marc Favreau a gardé son personnage, car les jeunes ont pu continuer à le suivre à la télé », poursuit-il
Richard Leclerc a réalisé un montage de 40 minutes avec des extraits de Sol et Gobelet et des images d’archives d’autres émissions de télé (La boîte à surprises ou le Bye bye 1975 que Marc Favreau avait scénarisé) ou de films tel que Le survenant, de Denys Gagnon, où Marc Favreau jouait Beau-Blanc en 1957. Des extraits qui permettent de retrouver la voix si attachante de Marc Favreau.
Sur place, on peut consulter plusieurs livres sur le clown naïf et lucide, notamment la biographie L’homme au déficient manteau que publia Georges-Hébert Germain en 2007. Un encan silencieux est aussi organisé jusqu’au 25 octobre avec huit œuvres reliées à Sol, notamment une caricature de Garnotte, des peintures d’artistes de la région et un triptyque des photographes Panneton-Valcourt. 
L’exposition comprend près d’une centaine de photographies appartenant aux familles Favreau et Durand, qui permettent de mieux connaître les étapes importantes de la vie professionnelle et familiale des deux artistes. Le bureau de Luc Durand est reconstitué notamment avec la machine à écrire sur laquelle il a travaillé sur le scénario de Sol et Gobelet. « Ils écrivaient chacun des parties de scénario de l’émission, mais pas ensemble », précise Richard Leclerc.
Il y a aussi une trentaine de clichés réalisés par André Le Coz, photographe de Radio-Canada à l’époque, notamment de grandes photos verticales où l’on voit Sol et Gobelet « en action » avec des extraits de leurs échanges. 
Une exposition à voir pour se souvenir, pour rire, car les extraits des émissions sont hilarants, et pour continuer de grandir en se nourrissant de leurs mots. « Car si tu ne grandis pas, tu seras toujours la moitié de quelqu’un ! » disait Sol.
Au Musée des communications et d’histoire de Sutton (32, rue Principale Sud), jusqu’au 25 octobre, du jeudi au lundi, de 11 h à 16 h.