Le sol connu de Marc Favreau

Photos : Richard Leclerc, Publici-Terre

Article paru dans Le Devoir, le 8 juin 2015 |Caroline Montpetit

L’exposition a reproduit le décor de «Sol et Gobelet», émission qui a marqué l’imaginaire de bien des jeunes captivés par les facéties des deux clowns.
Il a choisi de regarder le monde d’en bas, a pris le point de vue de l’enfant et de l’itinérant, et a pris le parti du rire.

Le clown Sol, alias Marc Favreau, a aussi longuement vécu dans le village d’Abercorn, à quelques kilomètres de Sutton, comme d’ailleurs son ami le comédien Luc Durand, devenu Gobelet dans l’émission pour enfants Sol et Gobelet.

Le petit musée de la ville de Sutton présente donc jusqu’au 25 octobre l’exposition Sol, Suttonesstrardinaire, Favreau en sol connu, rendant hommage à Sol et à son oeuvre.

L’exposition retrace le parcours de Marc Favreau d’abord, jeune homme né à Saint-Léonard, élevé à Notre-Dame-de-Grâce, rebelle dans l’âme, réfractaire à l’autorité. Adolescent, il est agité et dissipé, se fait entre autres expulser du Collège Saint-Laurent pour y avoir possédé un calendrier avec une photo de femme nue.

Mais c’est en Europe que Favreau, qui y a vécu deux ans avec sa femme, Micheline Gérin, a surtout puisé l’inspiration de son personnage de Sol, explique Richard Leclerc, directeur du musée, qui y donne aussi une « circonférence » sur Sol. Sol et Bim, et plus tard Sol et Gobelet, s’inspirent des clowns rouge et blanc de la commedia dell’arte. Le clown rouge, faire-valoir, naïf et dépendant, subit la domination du clown blanc, intelligent et joyeux.

La tentation du blanc
Le personnage de Sol, quant à lui, apparaît pour la première fois en 1958, en compagnie de Louise De Santis, qui joue alors le rôle de Bim. Marc Favreau jouera ensuite avec Yvon Dufour, dans Sol et Bouton, et enfin avec Luc Durand, d’abord dans Sol et Biscuit, puis dans Sol et Gobelet.

Marc Favreau a par ailleurs un certain temps des velléités de clown blanc, raconte Richard Leclerc. C’est le rôle qu’il assumera dans l’émission Les Croquignoles, qui réunit à l’époque Marc Favreau, sous les traits de Berlingot, Luc Durand en Gobelet, Suzanne Lévesque en Isabelle comme du miel, Paillasson, joué par Jean-Louis-Millette, et Mandibule, par Marcel Sabourin. Ces deux derniers feront ensuite partie de l’émission La Ribouldingue, toujours dans la série d’émissions de La boîte à surprise, à Radio-Canada.

« En clown blanc, Marc Favreau a été beaucoup plus hautain et dédaigneux que Gobelet a pu l’être par la suite », relève Richard Leclerc.

Costumes émouvants
Ce sont sans doute les costumes authentiques de Sol, mais aussi de Gobelet, qui forment le clou de l’exposition. Prêtés par le Musée de la civilisation du Québec, ils trônent au milieu de la pièce, comme surgis du passé, émouvants, dégageant un parfum de nostalgie. On peut voir aussi le costume que Sol portera dans ses spectacles en solo, et la poubelle et la flûte qui lui servaient d’accessoires.

À l’époque, les deux clowns écrivent à tour de rôle l’ensemble des textes des épisodes. Et une fois la série terminée, Sol décide, en 1972, d’entreprendre une carrière solo, par laquelle il rejoindra davantage un public d’adultes. C’est aussi durant cette décennie qu’il entreprend de construire une maison à Abercorn, où il habitera d’abord dans une tente-roulotte.

Autre pièce marquante de l’exposition : un épisode de l’émission Second regard dans lequel Marc Favreau s’entretient longuement avec Alain Crevier. L’homme y aborde ses préoccupations morales, sa perception de la bonté et du fait de vieillir.


Marc Favreau s’est éteint à Montréal le 17 décembre 2005.